
Istina, que je vous présente ce jour, est une artiste que j’aurai voulu faire participer à un de mes tremplins Tout 1 Art que j’organisais avant que le Covid 19 ne fasse apparition. Du coup, c’est avec un plaisir évident que je lui ai proposé de réaliser son interview afin que vous découvriez son univers hors du commun et que je sui ravie de partager avec vous. C’est parti !
Bonjour Istina, peux-tu nous dire d’où tu viens et nous dire qui tu es en quelques lignes stp ?
Je suis une poétesse slameuse métisse née au Congo Brazzaville, pour qui la poésie est un partage, une forme de transmission des idéaux et révoltes sociales mais aussi, un outil de connaissance de soi.
Tu es très vite tombée amoureuse de la lecture et de l’écriture. Comment te sont venues ces passions ?
Ce sont mes parents qui m’ont inculqué le goût de la lecture. J’étais plutôt introvertie et les livres sont vite devenus mes meilleurs amis. Émerveillée par la puissance des mots et des émotions qu’ils peuvent provoquer, je souhaitais ardemment être capable de toucher les gens de la même manière.
Par l’écriture, je cherche à me connecter à moi-même mais aussi au cœur de la personne qui me lit et qui est, quelque part, ma ou mon semblable.
La spiritualité semble prendre une grande place dans ta vie personnelle comme musicale. Peux-tu nous en toucher 2 mots ?
Cela part d’un grand sentiment de révolte, de colère contre les injustices de la société mais aussi d’une certaine idée de l’amour qui est à mon sens le moyen de résoudre ces problèmes.
L’écriture est une forme de méditation qui me permet d’analyser et de sublimer les émotions qui m’agitent. Il m’est arrivé souvent de trouver la réponse à une question que je me posais en lisant le texte que je venais d’écrire, alors que ce n’était pas mon intention première.

Par ta biographie, j’apprends que tu as pris des cours de théâtre et violon. Combien de temps as-tu pratiqué ces activités ? T’ont-elles aidé à te lancer dans le slam ?
En effet, l’expression artistique est très importante dans ma vie et ce depuis l’école primaire.
En plus du théâtre et du violon que j’ai commencé à cette époque, je prenais des cours de danse classique.
J’ai tout arrêté vers l’âge de 15 ans, en réaction à la rigueur et à la discipline qui étaient imposées.
Plus tard le slam m’a permis de renouer avec le plaisir du contact avec le public.
Pour le placement de la voix, l’écoute, la présence scénique… les cours de théâtre ont été d’une aide précieuse.
Quant au violon, j’en ai repris l’apprentissage l’an dernier après une pause de plus de 20 ans.
Qu’est-ce-qui te plaît exactement dans le slam, quelles sont tes inspirations, les thèmes abordés ?
Ce qui m’a plu tout de suite dans cette poésie orale c’est la liberté, du fond comme de la forme. Avant de découvrir le slam par le biais du film du même nom, mes écrits ne rentraient dans aucune catégorie.
Le slam me permettait de m’adresser à quelqu’un, d’interpeller sur des sujets qui me tenaient à cœur (le racisme, le sexisme…) tout en gardant un certain lyrisme.
Mon écriture est principalement autobiographique, c’est à dire que je pars de mon vécu pour aborder ces sujets. Sans oublier l’éternelle question de la quête de soi qui traverse mon œuvre.

Utilises-tu et pratiques-tu le violon pour accompagner tes textes, sinon as-tu des instruments autres qui t’accompagnent dans ton art ?
Lorsque je me produis sur une scène ouverte, je suis toujours heureuse de pouvoir être accompagnée par des musiciens qui improvisent.
Dans quelque temps, je l’espère, je serai capable de produire mes propres mélodies au violon.
En attendant c’est le talent de beatmakers comme Kalme, de l’Agence Lyrics, qui habillent mes productions.
Je suis très touchée par ton parcours. Tu y fais part de la schizophrénie de laquelle tu as été diagnostiquée.
Je te trouve très courageuse à la fois d’en parler mais aussi de réussir malgré tout à ne pas lâcher tes passions.
Comment as-tu vécu ce moment et peut-on dire que le slam te permet de mieux vivre avec ?
Le plus difficile a été de faire la part des choses entre ma passion et l’exaltation due à la maladie. Le slam a été longtemps un exutoire, un lieu où ma « folie » prenait une dimension artistique.
L’intensité extrême de mes émotions devait dégager quelque chose de spécial sur scène, d’expérimental. Mais je comprends maintenant qu’il n’est pas nécessaire de souffrir intensément pour être une artiste.
L’apaisement apporté par le temps, la méditation et le traitement m’amène à ouvrir d’autres portes et peut-être à être mieux comprise.
Après cette longue période de silence, tu reviens plus tranquille et plus apaisée. Avec de nouveaux thèmes, de nouvelles inspirations ?
L’amour est décidément le thème que je veux aborder sous toutes ses formes.
L’amour et la foi m’ont permis de surmonter des épreuves dont je croyais ne jamais pouvoir revenir.
Si je prends la plume, c’est pour essayer de transcrire quelque chose de cette tranquillité, tout en gardant conscience de la douleur qui existe en ce monde ; comme une vive étincelle qui permettrait d’allumer le brasier de la compassion.
As-tu des projets, à venir ?
Rien de précis pour le moment mais je me sens à nouveau prête à enregistrer des textes, anciens ou récents, avec de la musique.
J’envisage également de publier un nouveau recueil.
Sur quels réseaux peut-on te retrouver ?
Sur ma page Facebook : Istina sur laquelle je poste régulièrement des textes inédits.
J’ai aussi un profil sur le site TheBookEdition: Istina Ntari sur lequel mes anciens recueils sont en vente.
On pourra également les trouver via merkatomarket.org, un marché alternatif qui va être lancé prochainement.
Enfin, le blog « Rêves, errances » isistina.wordpress.com abrite un grand nombre de mes écrits.
Je te remercie Istina pour cette magnifique interview que j’ai réalisé avec beaucoup d’intérêt car très sensible à ton parcours tumultueux et courageux. Afin, de finir en beauté, je te propose de faire découvrir aux lecteurs un de tes textes. Et je te souhaite plein de bonheur pour la suite.

Un temps soit peu
Le temps de réaliser que tout ceci est réel
Que nos étreintes sont vraies, nos jouissances sincères
Et ton cœur authentique, et ta soif de paix
Semblent venir à bout de mes penchants rebelles
Apprendre à saisir crûment ta parole
À contempler tes gestes dans toute leur nudité
Lorsque mes joues rosissent sous ton regard cinglant
Que nos langues s’insurgent en embrassant leur rôle
L’espace à cultiver entre les âmes battues
Peines enlacées en une inextricable osmose
Pour faire pousser ces feuilles où je dompte ma flamme
Il suffit de l’espace d’un cheveu
Pratiquer les silences échangés sans lourdeur
Effacer lentement l’hypothèse de l’absence
S’oublier chaque jour, chaque nuit, pas assez
Contempler l’océan qui nous a invités
Et s’enfoncer tendrement dans ses profondeurs
. Istina.
Je valide
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Bonjour Laurie,
MERCI encore un diamant brut que tu nous fais découvrir…
Aussitôt lu, aussitôt abonnée à son facebook… Je ne suis pas fan de tout ce que j’ai lu, mais je salue cette artiste qui est courageuse et se livre à nous avec beaucoup d’honnêteté !
Mention spéciale pour ‘Criminel’, écrit sans chichi mais telment vrai ! Merci et bonne continuation à toi ISTINA
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Merci à toi !! Une très belle plume en effet !
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