
Bonjour à tous et à toutes ! Me voici de retour pour une nouvelle interview que je réalise avec un réel plaisir, tant l’artiste du jour a un parcours intéressant.
En effet, c’est sur le groupe d’Aldo « Rapologie Rag« , que j’ai pu le découvrir lors du lancement d’un challenge musical que nous avions proposé suite à un titre « Rapologie Rag« , que j’ai réalisé pour le groupe sur un souhait d’Aldo son créateur et pour le remercier de son travail quotidien , qui permet à chacun de s’exprimer, partager autour de la musique !!
L’artiste du jour se nomme donc Many G Le Riche, c’est donc parti pour la découverte !
Bonjour Many G Le Riche. Pour démarrer je voulais te demander pourquoi avoir choisi ce nom de scène ?
Bonjour Laurie ! Concernant mon nom de scène, MANY G ce sont mes initiales : Marc-Antoine Ndjika Yves Gbarssin. J’ai seulement donné une prononciation à l’anglaise au G parce que je trouvais que ça sonnait mieux.
« Le Riche » c’est un symbole de la complexité sociale dont je fais partie.
A l’adolescence, à Bordeaux, je passais beaucoup de temps à la cité du Grand Caillou à Eysines. Mais je n’y habitais pas. Mon histoire personnelle fait que je suis lié à ce quartier où je suis né et où j’ai passé ma petite enfance à l’époque où mes parents étudiants y habitaient.
Ce lien a fait que lorsque plus grand, j’ai commencé à y passer beaucoup de temps, j’avais toujours cette position sociale ambiguë d’être à la fois un mec du quartier et un étranger. Comme je vivais dans une maison et que mes parents étaient médecins, il arrivait régulièrement qu’un pote me remette à ma place en me rappelant que j’étais « le riche » de la bande.
A force d’y penser, je me suis aperçu que j’avais en réalité cette position dans tous les milieux sociaux que je traversais, un pied dedans et un pied dehors. C’est fondamental dans mon rapport à l’autre, et ma perception de moi-même.
« Le Riche », c’est une manière de m’approprier cette zone grise dans mon rapport aux autres.

De quelle origine es-tu ? D’où viens tu ? Parle nous de toi en quelques lignes stp ?
Mes parents se sont rencontrés dans les années 70 à Bordeaux. Mon père vient de la république centrafricaine. Ma mère vient de la Martinique.
Ils étaient venus faire leurs études et avaient plutôt le projet de rentrer chez eux ensuite selon ce que j’ai compris. La vie en a décidé autrement. Je suis donc né à Bordeaux et j’ai grandi à Eysines, une petite commune résidentielle de la banlieue bordelaise.
Gamin j’étais plutôt turbulent et joyeux, un peu querelleur et un peu insolent aussi. J’ai gardé le même fond mais policé par les expériences et les années.
A quel âge as-tu commencer à rapper et pourquoi avoir choisi le rap/Hip-hop ?
J’ai commencé à rapper à l’entrée au collège. J’avais un besoin très fort d’expression et de création spontanée dans un cadre fixé uniquement par moi-même. Je me sentais déjà très oppressé par toutes les formes de contraintes et de normes. Il y avait donc une aspiration à la liberté.
J’avais aussi des choses à dire. J’ai choisi le rap plutôt que le hip-hop. J’ai compris longtemps après en quoi le hip-hop englobait le rap, et comment en tant que culture, il était à l’origine de sa profondeur. Mais pour moi, le rap était d’emblée quelque chose de lourd, d’engagé, avec un enjeu d’opposition et de subversion très fort.
Je crois que c’est ce qui m’a donné envie d’en faire. Les textes des rappeurs étaient ceux qui me parlaient le plus dans ce qui circulait comme musique à l’époque. C’était radical, sans filtre, direct, dans le fond et la forme. Partout on m’expliquait qu’il fallait faire attention. Dès que tu disais simplement les choses, tu étais caricatural. Ça me fatiguait. C’était de la nuance artificielle. Là je voyais un espace où c’était non seulement légitime mais attendu de sortir les tripes.
Je te sens très philosophe à travers la biographie que tu m’as envoyée mais également tes textes. Pourquoi accordes tu autant d’importance aux textes ? En quoi cela est-il important pour toi ?
Il y a plusieurs dimensions dans le rapport au texte. D’abord, je suis d’une école du message. Comme je le disais, j’ai baigné dans les années 90 où le texte primait.
A ce moment-là, je ne connaissais pas encore l’histoire du hip-hop et le fait qu’à la base c’était une musique de club qui avait une dimension subversive, mais plus légère dans l’esprit. Donc pour moi, rapper c’était dire quelque chose sur quelque chose.
Le plus souvent c’était dire un truc hardcore sur un truc qui t’énerve… Après, il y a le travail des rimes qui te donne un peu l’esprit d’un « artisan » comme dirait mon pote NESTA. Tu sais qu’en travaillant la rime, l’effet de style est plus fort. Ça t’amène à toujours souhaiter recréer cet effet à l’écoute. Ça peut être dangereux, faire oublier l’importance de la qualité de l’instru par exemple. Sachant qu’en ce qui me concerne, je suis seulement un MC, que je ne produis pas d’instrumentales, que je n’ai pas l’oreille pour mixer.
Le texte est la voie que j’ai choisie pour amener un style et un contenu original.

As-tu démarré la musique en solo ou en groupe ? Et si en groupe, qu’est ce que cela t’a apporté et avec qui as-tu commencé à rapper ?
Pour finir, as-tu déjà fais des concerts ?
J’ai très vite rappé en groupe.
Mon premier Crew s’appelait « Force Nègre » fondé par STRAIGHT mon ami d’enfance. Au début on devait être plus nombreux mais par la force des choses on s’est retrouvé à deux. Le fait d’être en groupe amène un équilibre. Le fait d’avoir plusieurs regards bonifie le son.
Avoir un groupe, ça m’a structuré, canalisé, ouvert aussi. Il y a aussi le partage des expériences qui est le sel de la vie de groupe. On a très vite voulu faire de la scène. C’est sur scène qu’on s’aperçoit qu’on peut amener l’autre dans son univers. Quand ça fonctionne, c’est magique. Il y a eu de tout dans nos expériences, de belles scènes avec du public et une vibe géniale, comme des scènes vides, sans public voire des soirées où on n’était pas dedans. On a aussi fait beaucoup d’open-mic et de freestyles radio.
Est-ce que tu considère la musique comme une sorte d’exutoire ?
Que t’apporte-t-elle dans ton quotidien ?
Plus qu’un exutoire, je dirais que la musique est un lieu d’expression pure. Je suis au fond toujours dans un rôle, une négociation sociale où je dois donner le change au risque d’être jugé comme non conforme aux attentes.
J’ai le sentiment, qu’il n’y a que lorsque je fais du son, que je m’affranchis réellement de toutes ces injonctions. Au quotidien, c’est donc une respiration, un refuge. J’écris tout le temps. Les idées s’accumulent tranquillement et deviennent parfois de textes. C’est aussi un puissant socle de confiance parce que je sais qu’on ne pourra jamais m’enlever cette possibilité.
Ni la pauvreté, ni la prison ne peuvent empêcher d’écrire. C’est très libérateur quand on y pense et ça donne du recul sur l’importance réelle des autres activités qu’on peut avoir.

La musique n’est pas ta seule passion. Nous avons d’ailleurs une autre passion commune. Le football ! Quelle place a eu ce sport dans ta vie et pourquoi avoir arrêté ? Raconte nous en quelques lignes ton parcours footballistique.
J’ai commencé à jouer au football à l’âge de 5 ans à Eysines.
J’ai été formé à Bordeaux et à Grenoble. J’ai ensuite été professionnel jusqu’à l’âge de 30 ans, principalement en Belgique en deuxième division avec un passage en Angleterre en troisième division et au Danemark en deuxième division.
Le football a une place centrale dans ma vie. J’ai une très grande gratitude envers le destin de m’avoir permis d’en vivre et de connaitre le haut niveau. Ma carrière a été faite de haut et de bas, mais avec le recul, ces expériences m’ont beaucoup enrichi. Je regarde aujourd’hui ces années de football comme un immense privilège qui m’a été donné de vivre de ma passion.
Je n’ai pas eu, comme la plupart d’entre nous, l’obligation d’être pragmatique et de faire des compromis. Je ne me fais pas d’illusion. J’ai beaucoup travaillé pour ça. Mais si je crois aux vertus du mérite, je ne crois pas en son pouvoir. Le travail ne paie qu’avec l’aide de la chance.

Quels furent tes plus gros projets musicaux, et quelles sont tes 2 plus belles expériences si tu devais en évoquer 2 ?
Puis, au contraire cites moi une expérience compliquée et marquante de ton parcours musical stp.
Durant ma carrière de football, j’ai conservé le rap comme une passion personnelle ce qui fait que je n’ai rien sorti d’officiel.
Depuis mon retour à Bordeaux, la défense de l’album de STRAIGHT intitulé « UNPOP MUSIC » (2017) avec comme point d’orgue les premières parties de Kery James et des anciens du Saian Supa Crew à Bordeaux, a été un très beau souvenir. Je n’ai pas de souvenirs marquants négatifs en soi dans mon parcours musical. Simplement, le fait aujourd’hui d’avoir autant d’années de rap derrière moi et de n’avoir pu clôturer aucun projet officiel est un manque. Je compte bien y remédier.
Quels sont tes ambitions et tes projets à venir ?
Quel serait ton rêve musical si tu en as un ?
Je fais aujourd’hui partie du crew « 4LEGZ » avec STRAIGHT et NESTA LE SAINT.
On se connaît parfaitement. On a défendu l’album de STRAIGHT ensemble pendant plusieurs années. On repart sur une aventure collective dans laquelle, TONY TRANG, notre DJ ces dernières années, que je big up, ne nous accompagnera pas. On prépare un EP et un show qu’on va déployer sur scène dans les mois qui viennent.
L’idée est de revenir aux bases du hip-hop, une formule simple, des beats lourds, du flow, du texte et une grosse connexion mentale et artistique entre les MCs.
A titre personnel, j’enregistre des textes qui me tiennent à cœur et que j’ai gardé dans ma valise pendant mon parcours footballistique.
A côté de ça, je prépare deux EP solo. Plusieurs titres sont déjà écrits, je vais bientôt commencer à enregistrer.
Sur quels réseaux peut-on te retrouver ?
Y’a t -il un lien musical que tu souhaites partager avec nos lecteurs ?
Sur Instagram: Many G Le Riche
Sur Facebook: Many G Le Riche
Voici aussi ma chaîne Youtube: Many G Le Riche
Je tiens à te remercier pour l’interview et pour ta gentillesse à mon égard.
Voici pour finir un titre que j’aimerais partager avec vous :
« Nul bounty n’a les dents plus blanches que moi » by Many G Le Riche